Récit de voyage : Roadtrip en Italie du nord…

Voilà des mois que l’on pense et prépare (plus ou moins) ce voyage.

Se préparer surtout à ne rien préparer en fait… C’est tout l’enjeu de ce voyage, ce qui nous a donné réellement envie de partir.

Partir un peu à l’aventure. Lâcher prise. Laisser derrière nous le confort, et pas que matériel. Les habitudes, les repères, les ressources identifiées. Les préparatifs et la notion de contrôle.

Si vous êtes voyageur, alors tout ça, vous le connaissez bien. Pour Alexandre et moi, ce fut une grande première.

C’est clair, nous deux, ne sommes pas du tout des aventuriers !

Oh oui, nous avons bien traversé quelques frontières et vu un peu de pays. Mais de là à dire que nous sommes taillés pour l’aventure, il y a tout de même un immense fossé. Un canyon, je dirais.

Et c’est sans doute pour cela que ce premier voyage en amoureux a tant compté pour nous. Nous sommes l’un et l’autre de grands nerveux, des angoissés même. Alors s’autoriser à lâcher ainsi notre quotidien, partir pour se créer de nouveaux repères, se confronter à cette vie particulière, 24 h/24 l’un avec l’autre, c’était déjà une aventure en soi.

Road trip de 7 jours en Italie du Nord, au départ d’Annecy et jusqu’à Venise. Merci à Nicole et à son super blog !

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Voyager pour découvrir le monde… son monde ?

Je crois que c’est le plus beau voyage que nous ayons fait finalement, celui d’apprendre encore mieux à nous connaître. Faire le point, ensemble. Sur les besoins prioritaires, comment y répondre, comment exister chacun, cohabiter dans cet espace riquiqui. D’ordinaire, nous sommes plutôt tous les deux des personnes solitaires. On a un grand besoin de pouvoir se recentrer, de silence aussi. Alors, c’était l’occasion de voir, comment tous les deux, nous pouvions apprendre à vivre plus fort ensemble.

Je peux vous dire que ces quelques semaines ont littéralement changé ma vie.

Parce qu’au-delà des innombrables paysages à couper le souffle, de la prise de recul sur notre quotidien, de la possibilité de découvrir toujours plus mon amoureux, c’est aussi sur moi que j’ai beaucoup appris.

Un joli voyage intérieur, pour chacun de nous, et pour notre NOUS.

Prêts à partir avec nous sur les routes ?

Vous commencez à bien me connaître, je suis bavarde… et insatiable quand il s’agit de partager des choses qui me tiennent à cœur. Alors, pour ne pas vous abreuver d’un roman sans fin, j’ai choisi de découper ce voyage en plusieurs épisodes. Voici donc le début de notre voyage…

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Road trip dans les alpes – reportage photo de notre voyage : découverte de l’italie du nord

L’aventure débute à Annecy, là où nous allons récupérer le van California qui va nous accompagner.

Nous avons fait le choix de faire confiance à Van-Away, une agence de location de véhicules, spécialiste des vacances itinérantes. Et je peux déjà vous dire que nous revivrons cette expérience en 2019 !  Ce voyage fut un enchantement aussi parce que nous avons été très bien accompagnés, assurés, renseignés, par Van Away. Non seulement le van était quasi neuf, parfaitement entretenu (ce qui, pour des stressés comme nous était un point essentiel), mais aussi très bien équipé (de quoi convertir deux « non-aventuriers » en voyageurs-en-devenir).

Bref, je ne suis pas là pour vous expliquer tout notre bonheur de collaborer avec eux, mais vous l’aurez compris, si vous aussi vous souhaitez voyager librement, alors je ne peux que vous conseiller leurs services.

Bien… sans plus tarder, partons en voyage… Je vous disais donc que tout avait commencé à Annecy…

En réalité, pour moi, l’aventure avait commencé dès que nous avons passé le portail de la maison. Là, c’est une certaine appréhension qui m’a envahit. C’est toujours comme ça… je n’aime pas les départs. Et pourtant, ils sont le début d’un autre chose, un autrement. Et c’est justement ce que nous allions chercher dans ce beau voyage.

Pour être parfaitement transparente avec vous et vous faire partager notre aventure avec le plus de sincérité possible, je vais retranscrire ici la plupart des mots déposés sur mon carnet de bord, rédigé chaque soir.  C’était mon petit moment à moi. Celui qui m’a permis de ne pas seulement vivre les instants les uns derrière les autres, mais aussi de prendre le temps de me les remémorer, de garder une trace de nos ressentis pour toujours.

Annecy.

Le lac évidemment. L’eau. La montagne en fond… et la pluie. Les sommets enneigés viennent illuminer ce spectacle déjà grandiose.

Et puis les petites rues colorées. Les arcades de partout et la vie qu’il y a en dessous.

Jour 1 – d’Annecy au Parc des Écrins – 1ers pas dans les Alpes
Les choses sérieuses commencent…

Après une très courte nuit, le réveil sonne l’heure d’aller chercher notre maison sur roues ! NOTRE maison sur roues pour 18 jours.

Laurent (de Van Away Annecy) est à pied d’œuvre et nous présente un van flambant neuf. Tellement propre que l’on ose à peine entrer dedans. À première vue, tout ça a l’air assez simple à utiliser et de haute gamme. Reste à se l’approprier cette maison sur roues. Enfin… ce studio sur roues… enfin… cette studette sur roues…

Alexandre, le volant bien en mains, affronte les virages et les dénivelés, tel un chevalier sans peur sur sa monture. Sans peur… sauf celle de devoir me laisser le volant !

Les paysages défilent déjà, dévoilant l’immensité de Dame Nature. Tentative de passer le col du Glandon… une gente dame en robe de chambre confirme nos craintes : le col est bel et bien fermé.

Oui mais voilà, en montagne, un col fermé, c’est toute une organisation à revoir, et c’est au moins 1h de route supplémentaire pour contourner quelques sommets. Voilà ! Nous sommes cette fois face à la réalité ! À partir de maintenant, nous ne décidons plus vraiment de grand chose. Dame Nature nous met face à sa réalité suprême.

Nous finissons par franchir le col de la Croix de Fer pour rejoindre le Parc des Écrins. Il pleut de plus en plus. Cette eau se mêle aux torrents déjà existants dû à la fonte des glaces et neiges. Partout au bord de la route, on devine ce que ces coulées ont descendu des sommets. Vite une crêpe chaude… une petite auberge au détour d’un virage fera l’affaire.

Et les virages s’enchaînent… Il m’aura fallu un peu de temps pour ré-appréhender l’altitude, pour accepter le vertige, pour ressentir le comportement du van. Mais Alexandre est en confiance et cela m’aide à me détendre. Peu à peu, il m’est plus facile d’admirer les vallées, d’apprécier la puissance des eaux qui descendent abruptement. D’apprécier la grandeur des reliefs qui se dessinent devant nous.

On commence à se faire à ce mode de transport. 1er repas ce midi, cuisiné dans l’habitacle sans soucis, on prend même plaisir à s’essayer à cette vie nomade, et se contenter du minimum.

250 km plus tard… quelques heures de pluie plus tard…. Une fois le van posé sur une aire où l’on se sent en sécurité vers Briançon, et l’espace de vie bien occupé et appréhendé, le manque d’aisance se fait sentir. Chaque geste doit être réfléchi ici, et ça, ça prend beaucoup d’énergie… On va s’y faire… Déjà passer cette 1ʳᵉ nuit… sous la pluie.

Jour 2  – Milan

Le jour se lève plus tôt en montagnes ? Aux 1 ères lueurs du jour, nous nous éveillons doucement après une agréable nuit, bercés par la pluie. Finalement, on est comme dans un petit cocon dans cette maison riquiqui.

Nous partons de bonne heure, et de bonne humeur, direction l’Italie !

Nous franchissons rapidement la frontière…  Et enchaînons les tunnels italiens. À chaque sortie de la pénombre, le spectacle est différent. Déjà, nous voyons le paysage changer, et peu à peu les reliefs disparaître.

Milan est en approche. C’est tout plat ici !

1ʳᵉ mission : garer le van. Un parking repéré auparavant est censé nous attendre en périphérie de la ville. Hauteur limitée à 2 m. Stress. Le van fait 1,99 m ! ça passe… c’est fait pour…

Crème solaire, sac à dos, … on file prendre le métro. C’est plutôt serein le métro milanais. Et même pas crado. Et même pas cher non plus ! (1 € le trajet). À chaque doute sur notre trajet, nous demandons aux locaux, nous recevons chaque fois une réponse agréable, réfléchie et dans un anglais compréhensible ! Du bonheur.

La 1ʳᵉ chose que nous faisons en arrivant est bien sûr de manger une pizza ! Immersion immédiate grâce aux saveurs et l’ambiance régnant dans ce resto « du cru », rempli de milanais en pause déjeuner. De bons produits pour pas cher. Viva Italia !

Nous arrivons vite à la fameuse Duomo di Milano, magnifique cathédrale tout en marbre. Après quelques déboires (tout le système de vente de tickets était en panne), nous parviendrons à entrer dans cet incroyable édifice. À l’intérieur, la pénombre contraste avec la clarté de la pierre extérieure. C’est immense. Mais pas clinquant. Sobre (à part quelques exceptions). Sombre. Travaillé mais pas tape-à-l’œil.

Nicole Gevrey Voyage Italie

En sortant, nous visitons le centre commercial « Galleria Vittorio Emanuele II ». Une splendeur architecturale. Quatre allées sous dôme de verre qui se rejoignent en un centre, surmonté d’une coupole de verre. C’est magnifique. La pierre jaune pâle tranche avec la froideur du verre. Des boutiques de luxe de toute part.

Photographe De Voyage Reportage Nicole Gevrey 53

Nous nous dirigeons ensuite vers le quartier de Bréra, légèrement à l’écart. De bien jolies façades colorées, des boutiques de parfums partout, des vêtements élégants partout… Il règne ici une ambiance vraiment agréable, vivante mais pas étouffante, dynamique et joyeuse. Peu de touristes, peu de voitures, et le charme du tram ancien.

Après cette belle balade milanaise, petit détour pour que mon homme voit « l’autre cathédrale de Milan » comme il dit : le stade San Siro. C’est vrai qu’il en impose avec ses blocs de bétons et sa structure.

Une photo souvenir … et on repart.

Direction Côme !!! Avec l’espoir de se poser pour la nuit au bord du lac.

La journée commence à être longue. Conduire en Italie est fatigant, cela requiert une attention particulière. Les Italiens roulent vite, s’imposent, s’occupent peu des autres sur la route. On se fait une place dans tout ce trafic et arrivons à Côme en fin d’après-midi.

Pas de camping… Aïe ! Nous qui rêvions d’une douche chaude ! La ville telle que nous la découvrons ne nous donne pas non plus envie d’y rester. Vite, du calme. De la nature !

Check rapide sur internet, le camping le plus proche est à Bellagio. 34 km. 34 km à longer le lac, sur une route sinueuse et très étroite. C’est magnifique ! Une belle entrée en matière pour découvrir ce lac de Côme qui me fait rêver depuis des mois. Je ressens enfin son ambiance particulière. Mais nous sommes contents d’arriver au camping, de poser le van, et de filer sous la douche.

Le camping se trouve sur les hauteurs de Bellagio, et magnifique cadeau : on a vue sur le lac ! Cette vue et les derniers kms nous ont donné hâte d’être à demain, de prendre le bateau et de découvrir de plus près ce lieu à part.

Voyage Roadtrip Italie

Jour 3 – Lac de Côme

Quelle journée incroyable !

On part tôt pour les rives du lac de Côme. On découvre une petite ville charmante aux ruelles pavées en espaliers. Bellagio se réveille à peine.

On prend le ferry direction Menaggio. Ici, le bateau est utilisé comme taxi. Pour 15 €, on peut visiter plusieurs villes, au rythme que l’on souhaite. C’est l’option que l’on choisit pour se laisser la possibilité d’écouter nos envies du moment.

Très vite, on se retrouve au milieu du lac. C’est incroyable… Cette immensité bleue profonde au milieu des montagnes verdoyantes. Et de part et d’autres, des villas somptueuses aux couleurs vives et décorées élégamment.

A Menaggio, on prend le temps de se balader dans les rues, sur les hauteurs, puis au bord du lac, et de prendre un café sur une charmante petite place. On a la chance d’avoir le beau temps. Et de pouvoir prendre le temps. Ça fait du bien, après ces journées speed et denses, de ne pas regarder la montre ni préparer son trajet.

On déjeune à Varenna. Ô jolie Varenna ! Des petites rues étroites, colorées (et propres !), paisibles. Qu’il est agréable de se balader ici. Mais on en a vite fait le tour (surtout si l’on veut éviter de grimper encore et encore et garder des forces pour la suite).

On repart ensuite pour Bellagio. Non sans une montée d’émotion dans le bateau. Que c’est beau Varenna vu du lac. Toutes ces couleurs… Quelle chance incroyable d’être là, de voir ça, de vivre ça !

Je trouve ici tout ce que Dame Nature peut m’apporter : l’eau, les reliefs, la nature sauvage. Et l’Homme a su en tirer profit, magnifier cet environnement tout en le préservant.

À Bellagio, nous découvrons la ville en émulsion, les touristes ont envahi les petites rues calmes, les boutiques ont révélé leurs trésors, énormément de beaux tissus. C’est vraiment très inspirant. Et l’envie de flâner est très forte !

Voilà, il est temps de partir pour trouver un endroit pour dormir. On longe l’autre côté du lac, par une superbe et étroite voie (c’est là aussi que l’on est heureux d’être en van et non pas en camping car ! pour nos amis voyageurs en gros calibre, c’est beaucoup plus compliqué de passer), jusqu’à Lecco, où l’on découvre un autre visage de la région. Beaucoup plus modeste. Une population beaucoup plus mixée aussi.

On a repéré un joli coin pour dormir dans la montagne, sur Park4Night (l’application qui nous accompagnera tout au long du voyage – une appli où d’autres voyageurs ont indiqué les endroits où ils avaient dormi, les services qu’ils y ont trouvé, et pleins d’infos intéressantes et rassurantes).

On se dirige vers le nord en enchaînant les tunnels (je ne vous ai pas encore dit que j’avais la phobie des tunnels ? j’ai été servie en Italie…). À la sortie d’un : changement radical de météo ! Il pleut des trombes. On s’enfonce dans la montagne, et on découvre qu’un gros orage de grêle nous a précédé. La route étroite et sinueuse en est encore recouverte. Et les dégâts sur les bas côtés sont impressionnants (chutes de pierres, coulées de boues, …). Décidément, la météo ne fait pas les choses à moitié ici. Difficile même d’apprécier les petits villages typiques que nous traversons. On ne fait pas les malins et avons hâte de nous poser et nous reposer.

Mais… On arrive au parking repéré… en bas d’une côte inondée, aux abords d’un torrent de boue. Trop dangereux, impossible de savoir comment l’eau peut encore monter. Alors on continue notre route. Le chemin menant au prochain parking est parsemé de grosses pierres, la montagne semble avoir subit de sacré ravages, les pierres dévalent. On ne va pas prendre le risque de passer ici avec le van.

Option de repli : le dernier parking apparaissant à proximité. Espérons que l’on puisse y accéder, car là, la fatigue rend le voyage éprouvant moralement.

Une dizaine de kilomètres à monter, monter, monter… et tourner, tourner, tourner, sur une route étroite et glissante. Le stress m’envahit vraiment. Il est temps d’arriver en haut.

Ouf, nous découvrons un parking dégagé, où semble-t-il nous pourrions être en sécurité. À cette heure, la vue est imperceptible, tellement le temps est couvert.

Tant pis ! On ne redescend pas maintenant, on ne bouge plus, on dort là !

Le stress retombe petit à petit. Apéro… On commence à deviner les reliefs face à nous. Le temps d’un repas chaud et succinct, la lumière apparaît sur les montagnes. Puis les nuages s’en vont…

INCROYABLE… Cette vue inattendue est tout simplement incroyable ! Une vallée dingue, des reliefs impressionnants… et soudain, l’on découvre même, tout au fond, le lac de Côme !

Voilà, c’est pour cela que la météo n’a pas été de notre côté sur le trajet. Parce qu’il fallait que l’on vienne là ce soir. Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. Et celui-ci me remplit d’émotions. Quelle chance d’être là tous les deux. On se sent seuls au monde, privilégiés de pouvoir profiter d’un tel spectacle. Merci Dame Nature, tu as rendu cette journée vraiment exceptionnelle.

Jour 4 – Bormio

L’orage a grondé cette nuit. Ça résonne fort dans les montagnes. Pourtant Alexandre a dormi comme un loir. Pas moi.

La vue au réveil aide à se lever et démarrer la journée. C’est fou comme depuis le début du voyage notre rythme biologique a changé (on est des « couche-tard/lève tard »). On s’attendait à devoir se lever tôt pour profiter pleinement… pas à être fringants avant le réveil pourtant matinal.

On reprend la route direction Bormio. Très vite le temps change. Repluie. Et des routes pas très agréables. La région de Sondrio est une succession de zones industrielles tristes sur des dizaines et des dizaines de kms. Étrange. À croire qu’il n’y a aucun autre magasin à 100 km à la ronde.

Il y a aussi sur les pans de montage, des vignes à perte de vue… et des messages (banderoles gigantesques) du type « Non Negri », que nous traduisons comme des messages racistes. Ce sentiment est renforcé par la politique actuelle, le 1er ministre en passe d’être nommé étant d’extrême droite. Ça fait froid dans le dos. Avant-hier, le Monsieur du camping nous a dit que « Milan c’est de moins en moins bien. Beaucoup d’immigration ». Difficile de faire abstraction de ce contexte là.

Heureusement que la beauté des paysages nous aide à revenir au pourquoi de ce voyage. Se recentrer sur des émotions positives.

Nous arrivons vers Bormio. Alexandre a repéré des sources chaudes à proximité. Idéal pour chasser les mauvaises énergies du jour, et se refaire une santé, souffler, se recentrer. Mais je me trompe de trajet et nous arrivons à la frontière suisse. La fatigue accumulée, toutes ces heures de route, les repères à créer chaque jour et même davantage. Tout ça mit bout à bout, ça devient dur. Ce n’est pas vraiment une bonne journée.

Mais on est là, c’est déjà énorme ! Et une vraie chance.

Demi-tour. Un café/jus d’orange à Bormio plus tard, nous voilà prêts à enfiler nos maillots de bain pour un tour rapide dans la source chaude !

Une petite baignoire pour 10-15 personnes, aux abords d’une rivière aux couleurs « menthe glaciale », perdue et cachée dans la forêt. Il doit faire à peine 10 °C dehors, et presque 30 °C dans l’eau. Aaaah, je sens les tensions s’échapper de mon corps… Merci Park4Night pour la trouvaille ! (vous n’en verrez rien car l’appareil photo était bien à l’abri, et mon besoin de « pause » trop important pour faire des photos.)

Après quelques minutes, il se met à pleuvoir. Court mais précieux répit. Indispensable pour pouvoir poursuivre notre route. On file, ressourcés par cette baignade express et cet environnement pur et vivifiant.

Impossible de dormir sur place. Et il est trop tard pour aller au col du Stelvio comme prévu. Avec cette météo, le paysage risque de ne pas être à la hauteur de nos attentes, et le cumul km/fatigue trop élevé pour en profiter. Changement de plan. On se dirige vers Trente.

Arrivés au col de Gravia… Fermé. Dommage la route avait l’air très jolie ! Une route pittoresque comme on aime tant, étroite, vraiment au cœur de cette nature verdoyante. On nous indique qu’il sera sans doute ouvert demain. Reste à trouver un endroit pour passer la nuit.

Après avoir tourné dans le village le plus proche, on nous indique un accueil type « camping à la ferme ». Parfait ! Eau, électricité, calme… et toujours ce paysage de dingue autour de nous. La journée se termine finalement bien. Demain, on se fera une pause, le besoin se fait sentir.

Jour 4 – Col de Gravia – Italie

À peine nous entrouvrons les yeux que nous sentons le soleil percer derrière les rideaux du van. Que ça fait plaisir. Il doit faire 8 ou 9 °C mais qu’il est plaisant d’être dehors au réveil, bercés par les rayons de soleil.

La journée d’hier nous aura invité à repenser notre organisation. Jusque-là, nous avions en point de mire le lieu d’arrivée pour la fin de journée et visitions en cours de route. Ce qui génère beaucoup de stress s’il est compliqué de trouver où dormir. Et donne la sensation de toujours courir, de ne jamais se poser.

Alors on va essayer de faire autrement : rouler au maximum le matin, pour poser le van de bonne heure, et profiter sereinement de la fin de journée. C’est ce que nous allons faire aujourd’hui.

On a repéré un camping sympa vers Trente. Nous avons décidé de nous y poser deux nuits pour souffler. Nous avions pourtant été prévenus par des habitués de ce type de voyage : l’itinérance c’est usant. Bien que nous ayons prévu peu d’heures de route par jour, et découpé le voyage en nombreuses étapes, l’on se rend bien compte là, que nous avons tout de même été trop ambitieux et allons devoir revoir la suite du parcours si l’on veut en profiter.

Photographe De Voyage Reportage Nicole Gevrey 151

On prend la route, puisque l’on nous a confirmé que le col était ouvert ! Et quel bonheur d’être passé par là ! Une route étroite, sauvage, peu fréquentée. Des murs de neige sur les bas côtés. Un lac gelé. Puis plus loin un autre de couleur verte, tranche dans la roche enneigée. La route se fait de moins en moins large. C’est tout simplement sublime. Quelle chance d’être passés par là. D’avoir écouté notre intuition hier et changé nos plans.

On a l’impression là que la montagne nous appartient. La lumière dessine les reliefs. C’est tellement beau que je ne pense même pas à avoir le vertige.

Une fois dans la vallée, on fait une pause dans un petit village. Café et pâtisseries (une sorte de chausson aux pommes – nous découvrirons plus tard que la région cultive à foison ce fruit- et un gâteau sec aux pignons de pin peut-être ; ici, les desserts semblent être essentiellement des gâteaux de voyage). Et arrêt dans une petite épicerie pour faire le plein de bon fromage et bonne charcuterie.

On arrive au camping pour midi. Installation rapide. On se pose et ça fait du bien. Mini sieste dans le hamac, lessive, et vaisselle à l’eau chaude ! On oublie vite que ça peut être plaisant l’eau chaude !

En fin d’après-midi, on se fait une petite balade à pieds pour découvrir le lac de montagnes Laghi di Lamar. On reviendra demain se baigner s’il fait beau, dans cette eau translucide enclavée de roches et de forêt.

De retour au camping, on profite de l’électricité pour regarder le match de préparation à la coupe du Monde France-Italie. On espérait davantage d’ambiance… mais visiblement nos voisins étaient sortis de la compétition une bonne fois pour toute. Bon, la France a gagné… mais on ne l’a pas crié sur les toits.

Jour 5 – Trente

La nuit fut plutôt reposante, malgré la soirée qui s’annonçait bruyante à proximité de bavarois éméchés qui chantaient à tue-tête en italien…

Nous avons d’ailleurs découvert qu’ici, en Tyrol du Sud, toute la province de Bolzano et celle de Trente, appartenaient à l’Allemagne jusqu’à la fin de la 1ʳᵉ Guerre Mondiale. L’allemand est toujours une langue officielle, tout autant que l’italien et le ladin (une sorte de patois). Ceci explique sans doute la surpopulation de vacanciers allemands et autrichiens que nous constatons ici.

Encore une fois, nous nous réveillons de bonne heure. Nous avons décidé de ne rien faire aujourd’hui, seulement nous détendre et retourner au Laghi di Lamar pour une baignade.

Oui mais voilà, à 10h… on s’ennuie déjà. Ce n’est pas pour nous ne rien faire. Une petite rando dans la forêt avoisinante nous fait grand bien. Repas tôt et rapide (il paraît que le ciel va se couvrir bientôt), et on file au lac de montagnes. Baignade fraîche mais baignade quand même. L’orage se fait entendre, nous rentrons à grandes enjambées au camping avant les premières gouttes.

Puisque nous avons du temps devant nous, nous en profitons pour aller visiter Trente et faire un petit ravitaillement. Nous tombons sur un festival de littérature et découvrons une ville bien animée. Énième glace et yaourt glacé depuis le début du voyage. Et du speck à gauche, du speck à droite… on en met dans nos valises. Et retour au camping. J’ai besoin de m’isoler et me reposer. 1er test du sommier du toit pour me mettre dans ma bulle. Je commence vraiment à ressentir ce besoin qui est le mien d’être seule de temps en et temps, et le manque de sommeil accumulé. Alexandre en fait les frais et notre communication aussi. Demain, on reprend la route, profitons de ne pas avoir à trouver d’endroit pour dormir pour vraiment se reposer ce soir.

Jour 6 – Dolomites et Trévise

Réveil et douche chaude. J’en profite, je ne sais pas quand sera la prochaine. Idem pour la vaisselle à l’eau chaude et les toilettes propres…

On remballe tout et direction Les Dolomites. Nos recherches d’hier indiquaient qu’il était préférable de les voir en arrivant de Bolzano. Mais d’avoir changé d’itinéraire, ce serait trop long de remonter aussi haut. Tant pis. La route menant à Feltre est un grand axe. Pas très sympa. On choisit finalement de monter un peu par les routes pittoresques.

Je guette à chaque virage les fameuses Dolomites. J’espère tellement les voir. Et en même temps, je sais qu’en faisant le choix de changer d’itinéraire, c’était un risque pris de ne pas les voir. Ce qu’on a déjà découvert et vécu est tellement chouette déjà, que ce n’est pas grave, ce serait juste une magnifique surprise que je les apercevoir. Surtout que le ciel est dégagé.

On monte, on monte… on passe une 1ère barrière de montagnes, et peu après… Wahou, elles sont là ! Bien moins impressionnantes au 1er abord que je les imaginais. Mais en y regardant de plus près, on devine les falaises abruptes. La force qui se dégage de ces pierres surplombant les monts verdoyants. J’y imagine les soldats de la 1ère guerre mondiale perchés – il paraît que les circuits de Via Ferratta sont ceux empruntés jadis pour la guerre.

Autour de nous, tout semble si paisible. Alexandre repère une pancarte évoquant des yaourts à vendre à la ferme. On s’enfonce dans un petit sentier et au fur et à mesure, la vue sur les Dolomites se fait encore plus belle.

Bon, finalement, il n’y a pas de yaourt à cette période. Mais ça nous aura fait arriver là !

Repas rapide et local dans ce joli paysage. Quelques photos pour Van Away dans ce décor. Vaisselle sommaire à l’eau froide en extérieur pour économiser notre réserve d’eau… Je me rendrai compte plus tard que j’y ai oublié mes claquettes… La nana, elle ne veut pas utiliser de produit vaisselle pour ne polluer, et elle oublie deux bouts de plastique énormes !

La route nous fait ensuite passer par de jolies vallées où coule une eau cristalline. J’ai beau dire toutes les deux minutes à Alexandre : « Arrête-toi que l’on fasse une photo », ce n’est pas toujours évident, sur ces petites routes de faire des pauses en sécurité. Tant pis, je grave dans ma mémoire.

Passage rapide à Feltre, c’est vide de monde et moins joli qu’espéré. Petite pause goûter et en route pour Trévise.

Jusqu’à Trévise, on longe des dizaines et des dizaines de magasins de zones industrielles. On dirait pour beaucoup des magasins d’usines de sport (Patagonia par exemple). Est-ce parce qu’ils sont fabriqués dans le coin ? ou que le siège social est par ici ? On est dimanche, tout est fermé. Ouf… sinon on y aurait passé un moment. Et il aurait été dommage de passer à côté de Trévise.

On se pose sur une aire de camping-cars, à côté de Français. Deux couples. Eux même nous disent ne pas avoir vu de français depuis un moment. Après quelques échanges, on part tous les deux visiter Trévise. Nos voisins se réservent pour la visite de Venise demain.

Que c’est joli Trévise ! De petites places ombragées, des rues vivantes pleines de boutiques alléchantes (purée, jamais je n’ai fait autant de boutiques ! j’ai même cru qu’Alexandre allait m’abandonner ici… alors que d’ordinaire, c’est plutôt lui le roi du shopping).

Tout le monde est beau, tout est propre et paisible. Il doit faire bon vivre ici.

De retour au parking, repas entouré de moustiques… Ce soir, pas d’accès aux toilettes et impossible de se doucher. Dur dur. Surtout après une journée si chaude. On fait avec les moyens du bord. Et la nuit aussi s’annonce chaude. Nous sommes redescendus au niveau de la mer depuis peu de temps, et j’ai déjà envie de remonter dans les montagnes, au milieu de la nature… Il me parait beaucoup plus facile de répondre à mes besoins dans la nature. On la retrouvera bientôt.

Jour 7 – Venise

7 jours. Une semaine que nous sommes sur les routes, et ce soir, nous quitterons l’Italie.

Mais pas avant un passage obligé – c’est du moins ce que nous ont dit toutes les personnes qui ont su que nous passions à proximité sans l’intention de nous y arrêter. Venise.

Une toilette de chat à la fontaine du parking… et c’est parti pour une folle journée.

Direction Mestre. Le parking San Guilliano (Porta Rossa) pour poser le van sereinement. Les 3 premières heures sont gratuites. 2€ pour une heure supplémentaire. Parfait !

Le tram et le bus passent juste à proximité et nous mènent directement à Venise. Royal. Le chauffeur ne nous fait pas payer, on ne comprend pas pourquoi, mais on n’insiste pas.

15 minutes plus tard, il nous dépose à Venise. Les premiers canaux apparaissent… et avec eux, une horde de touristes, de vendeurs de babioles, et même un certain sentiment d’insécurité (une première depuis le début du voyage). Avouons tout de même qu’il y a un aspect un peu magique de se retrouver là.

Très vite, on prend les ruelles un peu décentrées, pour éviter la foule et voir Venise aussi sous cet aspect-là. Il m’est difficile d’imaginer les gens y vivre toute l’année, de comprendre leur quotidien.

Finalement, après une bien longue marche, nous finissons notre visite en arrivant sur la fameuse place Saint Marc. Jusque-là, on dédale dans des rues étroites. Alors l’immensité de cette place frappe d’autant plus. Et cette architecture de dingue !!!

Alors il est vrai que nous ne sommes pas surpris par Venise, tant elle est médiatisée. Mais c’est chouette d’y être et de voir en vrai la vie grouiller dans cet environnement unique.

Nous repartons en Vaporetto. Pour gagner du temps. Et pour voir Venise autrement encore. Quand le bateau s’éloigne, elle prend encore une autre dimension. La splendeur des palais, les couleurs et le sentiment d’être dans un lieu unique grandit. (Mais je ne peux pas partager avec vous cette merveille, je suis tombée en rade de batterie… grrrr !)

Nous sommes contents d’être venus, d’avoir vu… mais encore plus de quitter la foule.

Et d’arriver en Slovénie !!! Mais ça, ça sera pour le prochain épisode…

Photographe De Voyage Reportage Nicole Gevrey 4 2

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